jeudi 26 février 2015

Georgette découvre la maison rouge.

Ce soir, un petit billet coup de cœur coup de poing. En effet, je suis une inconditionnelle de la Halle Saint Pierre mais là c' est un autre lieu que j' ai envie de vous faire découvrir.
Moi qui suis la reine des quiches  des pommes (c'est meilleur pour la ligne) de l' Histoire des Arts, je suis toujours partante pour aller découvrir de nouveaux lieux d' exposition.
Donc en me rendant à la maison rouge, je ne savais absolument pas à quoi m' attendre.... et là bim : claque assurée. On me distribue un petit fascicule noir, je suis pressée de rejoindre mon amie L, venue avec ses deux enfants en poussette. Je me suis dis : ça va être une expo ludique, j' emmènerai peut être mes piou-piou avec le prof de pinceau.....
NON il faut emmener soit les bambins endormis  soit des lycéens et encore....
J' ai découvert les dessins à couper le souffler de Jérôme Zonder dans son exposition FATUM.
La maison rouge est le premier lieu où ce dessinateur parisien a accepté d' être exposé. Attention Jérôme Zonder a créé de toutes pièces les décors de son expo. 
On est immédiatement plongé dans un univers violent,  sombre, torturé et profondément militant. 
La première pièce est recouverte de végétation.
vue de l' expo dans la première salle
 La première série de dessin donne le ton : crâne évidé, viscères tombantes, visages déformés, sexes balafrés,  enfants sadiques, reptiles angoissants, nazi affichant un salut qui donne envie de vomir.... 
Jérôme Zonder, 'Les Fruits de McCarthy #2', 2013 / Courtesy Galerie Eva Hober, Paris

Tout y passe. Bambi est mort depuis longtemps mais l' univers de Disney omniprésent et dérangeant. Ces dessins contrastent avec des décors naïfs : un pommier, un chat au sourire de Joker...




Absolument tout est en noir et blanc, que ce soit les dessins exposés que les décors, il y a même des couloirs tout blanc et tout noir. et sutout Jérôme Zonder ne gomme rien : IL EST CONTRE ce principe d' effacer et de recommencer en oubliant le passé. 
Jérôme Zonder, "Pierre-François", 2011. incroyable: ceci n' est pas une photographie
Pour ceux qui iront à l' expo : regardez attentivement la série intitulée Les fruits du dessin, introuvables sur le net. C'est simple ces portraits auraient pu être pris en photo avec un filtre noir & blanc.....
Fatum réussit ce pari de l' Histoire indélébile. Le visiteur est marqué par cette cruauté mise en scène souvent par des adolescents voir même de très jeunes enfants....
 De plus en plus insoutenable .....
Jeux d' enfants #1, 2010 ; collection Antoine de Galbert, Paris.


Si j' ai choisi précisément ce dessin c'est qu' il rassemble tous les éléments caractéristiques de l' expo
- une précision du trait qu l' on pourrait croire à une photographie floutée par un ordinateur. Le dessin qui floute la réalité, c'est la première fois que je vois ça. 
- au niveau des représentations, la scène de torture est sciemment menée par des fillettes en culotte courtes et converses ! Le masque morbide ( ou les orbites creuses ) confronte le spectateur à sa participation active.Il regarde, il est témoin, nous sommes tous des tortionnaires par notre immobilisme. 
-Le clin d' œil est tellement gros qu' on pourrait presque le louper : notre Belle a perdu son clochard au profit d' un petit garçon suffocant. âmes sensibles s' abstenir.

Les autres salles sont moins sombres et les dessins présentés évoluent. L' Amérique est bien évidemment dans le cœur de cible mais la tragédie nazie et les génocides aussi. 
Un autre technique est utilisée : les empreintes de doigts plongées dans la mine de graphite ou de fusian  deviennent à la manière des impressionnistes, un tampon qui se répète à l' infini. Ainsi se sont les nuances de gris des mines plus ou moins concentrées ( non non pas les 50 ) et l' espace blanc qui créent du volume et des fortes sensations d' étouffement. Certaines scènes seraient des représentations réelles de chambres à gaz.....


érôme Zonder, 'Chairs grises #11', 2014 / Courtesy Galerie Eva Hober, Paris
L' expo finit en beauté avec une belle allégorie de l' autopsie de la belle Garance. Au poil près tout y est : 4 immenses  panneaux qui recouvrent et découpent au scalpel l' anatomie humaine.
Autopsie de la jeune fille, rêve de Garance, 2015.

Allez y courez c' est jusqu' au 10 mai 2015 et vu que tous les mots sont trop faibles pour décrire cette étrange expo ....

Ma copine L n' a pas de souci à se faire : elle va pouvoir réutiliser cette technique du doigt plongé dans l' encre mais je sais  qu' elle adaptera le modèle à représenter ! 

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