Bonjour à tous,
Aujourd'hui je vous promets de faire
court mais très intense. Je tiens à rendre hommage au superbe
bouquin de Fred Alpi qui vient de paraître aux éditions Libertalia
en ce joli mois de mai 2018 : Cinq ans de métro.
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toutes les infos en lien ici |
Dégustez-le, offrez-le, relisez-le.
C'est un petit bijou musical, littéraire qui nous pète un peu au
visage quant à sa cruauté sociale.
Vous avez peut être croisé Fred à la Parole Errante, à la Comédia, au CICP bref c'est quelqu'un de bon
goût. En plus d'être hyper sympa, de savoir super bien jouer de la
musique, de chanter en rythme dans les manifs (croyez-moi c'est
loin d' être évident), M Alpi écrit vraiment bien. Son style urbain est naturel, jamais vulgaire et terriblement humain.
Ça va vous paraître peut être surfait
mais j'ai décidé lire cinq ans de métro uniquement lorsque j'étais (allez je vous laisse deviner) dans le métro !

La vie qu'il mène dans le métro
apparaît comme révélateur du monde aérien qui nous entoure et
qui nous asphyxie toutes et tous , surtout à Paris je pense. L'état d'urgence déjà instauré ,
une présence policière violente omniprésente (pour soit disant
sécuriser les réseaux), les fachos en tous genres, la drogue, la
prostitution.
Beaucoup d' évènements relatés m'ont bouleversée.
Le
premier est sans contexte sa rencontre avec Michel. Il a pris la
peine de lui serrer la main, d'en apprendre un peu plus sur lui sans
jamais mettre le lecteur mal à l' aise et sans condescendance
aucune.
Car oui j' ai honte mais je suis déjà
sortie d'un wagon pour échapper à la puanteur d'un sdf pour monter
dans un autre wagon. Première rencontre déterminante avec Michel p.83 dont voici un court extrait :
« Moi c'est Michel […..]
J'ai l'impression q'les gens y'me voient même pas. Et ça fait
longtemps que j'ai pas serré la main de quelqu'un.
- Ils ont peur, ou savent pas
quoi dire ; Et puis, ils se parlent pas entre eux non plus,
hein. Le métro c'est pas vraiment un endroit où on se fait
facilement des copains. ».
La deuxième chose qui m'a énormément
plu, c'est la dimension féministe de cette autobiographie.
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kombini : vers une sensibilisation ? |
Le manspreading, le harcèlement dans
le métro ou au travail sont des formes de violences endémiques
que nos politicards s'empressent de s'octroyer en créant des
ministères en tous genres. Marlène Schiappa va te p***** toi qui
intègre un gouvernement qui en ce moment même débat sur l'âge de
non consentement en cas de viol (justice en carton bonjour) car
non pour ma part il ne devrait jamais y avoir aucune limite d'âge
en matière de viol.
Fred explique avec justesse et justice
que les hommes sont violents (et l'ont toujours été) avec les
femmes. Beaucoup insultent et se frottent aux gambettes des jeunes
demoiselles tandis que lorsqu' une jambe poilue les effleurent, ils
s'offusquent en prenant un air dégoûté. Fred a déjà arrêté de
chanter dans le métro lorsqu'il assiste à ce genre de scène. C'est très loin d' être un exploit partagé, cela devrait être
normal selon lui et selon moi.
Il a lui aussi été considéré comme un objet
sexuel dans le métro et l'a très mal vécu. Alors qu'un homme lui fait des
avances sexuelles insistantes, F.Alpi fait comme toutes les
femmes qui se font emmerder dans le métro, Il détourne la tête
en espérant que l'individu lui lâche la grappe, cesse de respirer
et il regarde ses pieds en espérant que ce trou du fion descende avant
lui. Cela fait bizarre de lire cela de la plume d'un homme... car il n'écrit pas cela pour se plaindre de sa condition d'homme malmené à occasion unique, il écrit cela en hommage-témoignage en expliquant qu'il ne sait pas comment les femmes font pour supporter cela quotidiennement et que c'est de son devoir d'agir.
Merci de prendre la mesure de
l'enfer que nous vivons chaque jour dans le métro.
Merci d'avoir le courage de
s'interposer, de parler de réagir et de ne pas nous laisser dans la
m***. Comme dans tous les
systèmes patriarcats, ce sont les femmes qui sont touchées en
premier par ces violences.
Grâce à ce bouquin, je ne regarderai
plus jamais de la même façon cette vie souterraine à laquelle
j'assiste impuissante depuis 10 ans et où je vois défiler toute la
misère humaine. Un changement de regard, juste un bonjour un sourire. Et c'est clair que dès que j'entends du Brassens ou
du Django dans le métro ou ailleurs je n'hésite pas une seconde à donner une petite pièce. Je ne me leurre pas. Quand je donne deux euros à un migrant ou un marginal, c'est surtout pour soulager ma culpabilité de ne rien faire pour eux.
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