Bonsoir à tous,
profitant des vacances, je ne pouvais pas passer à côté de la nouvelle exposition de la Halle Saint Pierre : hey #3
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Carmelia,Christopher Conn Askew, 2009. |
Il est difficile d' y accéder entre les millions de touristes excités et les parisiens qui viennent y flâner pour acheter de beaux tissus dans l' immeuble iconique situé juste à côté . Zola et son Bonheur se retournerait sûrement dans sa tombe s'il pouvait voir ce que ce lieu est devenu...
Et pourtant ça y est : nous y voilà, une légère odeur de café grillé vous chatouille les narines, une librairie minuscule, feutrée mais extrêmement bien garnie. Au plafond, si vous levez les yeux, vous apercevrez les feuilles d' automne chargées d' humidité virevolter lentement dans les airs pour se déposer sur la lucarne enveloppante, quasiment à la limite de la respiration.
C'est donc là que commence ce voyage si particulier. Car lorsque l' on pousse les franges de plexiglas noir qui honorent l' ouverture de la première pièce, ce n' est pas comme pénétrer dans une pièce d' expo, c'est plutôt voyager pour s’ imprégner d'une atmosphère, singulière, qui selon moi est unique. No flash, No facebook, aucun bruit extérieur ne vient parasiter cet univers magique, à l' image de celle de l'affiche proposée.
Comme je suis toujours aussi novice en la matière, pas de présentation logique, chronologique ou artistique. Je veux juste vous présenter les œuvres qui m' ont émue, celles qui m' ont faite frisonner, certaines même à la limite du dégoût.
Dégoût ? mais pourquoi ?
Tout simplement parce que les artistes que j' ai retenus pendant ma visite ont chacun exploité de manière militante et humble les limites charnelles du corps humain : les poils, les cheveux, la peaux, les ongles, les dents ou un peu tout cela à la fois.

mais comment a-t-il fait pour rendre aussi vivantes de petites pierres innocentes ?
Si vous regardez bien les sculptures voisines, vous verrez qu' il y en a une qui porte un appareil ... dentaire

Cette miniature de dame de cœur à l' aspect carbonisé n' est pas sans rappeler les corps ravagés par le Vésuve. C'est qu' elle en impose la petite dame par la finesse de ses traits et l' aspect encore plus lisse que lisse de son visage, quasi surnaturel malgré le souci de réalisme certain de l' artiste. Un clin d’œil ou plutôt un pied de nez au combat
Une peinture grinçante qui elle aussi ébranle les diktats de la mode et de la sacro- sainte épilation.
Il s' agit d' une oeuvre intitulée La Pequena peluda de Gabriel Grun. Observez bien les os saillants et les ongles si férocement malmenés qui contrastent avec cette maginifique toison rousse qui se joint en s' enjoint en de multiples sources. Une représentation de la féminité pas vraiment promue par nos sociétés qui préfèrent plutôt le sans poil sans odeur sans saveur. Le personnage Grenouille, tout droit sorti du Parfum, aurait forcément succombé à ses pulsions meurtrières pour extraire l' essence même de ce personnage.

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génésis, 2013 |
Tout en courbe, on ne veut plus savoir où commence et où s' arrête l' épiderme.
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Unabridge volume, 2013 |
Les petits oursons de Déborah Simons nous rappellent également que les frontières entre visible et invisible sont pénétrables

là encore, l' artiste met en scène la matière organique qui nous fait vivre mais aussi ce qui nous rebute le plus : gros intestin, colon, boyaux, artères ; tout y passe mais englobé de légèreté associé aux objets transitionnels de l' enfance. Je trouve sa technique impresionnante.
Allez je vais bientôt m' arrêter : encore deux ! sinon plus d' intérêt à courir à la HSP.

Et pour finir ENFIN ( me direz vous ) les sculptures absolument époustouflantes de Choi XOOANG.
Elles me révulsent, elles m' attirent, elles font ressortir en chacun de nous une animalité et une humilité universelles.

A notre droite, un travail digne d' un orfèvre ; veinule, os qui craquent ( je vous assure que vous les entendrez en vous approchant) , narine dilatée sous le coup de l' expiration, petite déjection interne de l' œil, tétons différents, veine tordue sous l' effort d' une cheville fléchie, petit kyste sur la cuisse : tous ces petites détails qui font d' une femme une femme.
A gauche, à l' inverse, nous avons la même femme mais en photoshop : tout est lisse, enfermé et enseveli sous une particule de silicone.
Sommes- nous voués à devenir des êtres lisses ?
Je ne crois pas.
Croyez moi : ruez vous à la Halle Saint pierre .
Vous avez jusqu' au 13 mars 2016 pour en ressortit différent donc vivant !
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