lundi 4 juillet 2016

Le bonheur est dans l Abbaye d’Auberive !

Connaissez - vous ce poème de Prévert ? 
Le bonheur est dans le pré cours-y vite cours-y vite ! 
Le bonheur est dans le pré cours-y vite il va filer ! 

Et bien pour moi c'est exactement la même chose avec La Halle St Pierre.
Cours-y vite jusqu' au 26 Août pour découvrir cette stupéfiante expo qui n' a aucun fil conducteur, si ce n 'est des coups de cœur et de corps du collectionneur Jean-Claude Volot dans l' Abbaye d'Auberive. Art naïf, populaire, expérimental, très souvent torturé au plus profond des méandres de l'humanité.
Pour ceux qui savent à quel point il est difficile pour moi de sauter une sieste, il est encore plus difficile d'écrire un billet exhaustif sur cette réunion d’œuvres d'art totalement insolite et inclassable. 
Comme d'habitude, ce qui est le plus évident selon moi, c'est une présentation intuitive des œuvres. 
Il y a de grands noms d' artistes que vous reconnaîtrez sans doute.
Voici celles et ceux qui ont particulièrement retenu mon attention.


  • Roger-Edgar Gillet ; une soirée chez Pollack, 1968


photo FG0230_La_Fete_chez_PollakOn retrouve ici les ingrédients des folles soirée parisiennes, sûrement à Pigalle. De la dentelle, des visages émaciés par la faim et les ravages de l'alcool. De  gros aplats de couleurs = viennent brouiller les pistes d'une interprétation limpide, tel un miroir grossissant dans une attraction de fête foraine. Les sourires sont grimaçants et les moues que l'on devine sont inquiétantes. Cela rappelle une fine couche de vernis qui s'écaille petit à petit les soirs de grandes fêtes pour plonger l'homme dans une profonde noirceur.



  • Jean Rustin; quatre pensionnaires, 2003


Là encore, une oeuvre figurative d'une profonde noirceur. Il est difficile de ne pas détourner le regard ; difficile également d'affronter ces visages déformés par la souffrance, qui n' est pas sans rappeler les camps de concentration. 
Les yeux globuleux, la peau olivâtre et les uniformes kakis offrent aux visiteurs un cocktail à la fois déplaisant et fascinant. Bon nombre d' entre eux dévient leur itinéraire pour ne pas avoir à plonger le regard dans cet univers dérangeant. 




  • Les planches dessinées de Hans Bellmer
Pour appréhender au mieux, l'oeuvre de Bellmer je vous conseille vivement la lecture de sombre printemps, Unica Zurn. Tout est dans le titre.....
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  • La dame blanche, bronze, Lydie Arycks, 2011

Auberive (52) : Abbaye, Lydie Arickx (La dame blanche):

Une oeuvre dérangeante par son échelle réaliste et la monstruosité des proportions qui se dégagent. La peau grumeleuse contraste avec la luminosité du bronze utilisé. Cette couleur verdâtre ne fait qu'accentuer le malaise : être humain ou imaginaire  tout droit d'un cauchemard ? Allez faire un petit tour derrière la statue. La colonne verticale est creusée, et là ! on découvre les prémices d'une vulve ! 










  • Brève escale des foudres, Ody Saban    "J’ai souvent représenté des femmes comme images de libérations se frayant un passage au milieu des obstacles les plus terribles. Ainsi dans « Brève escale des foudres ».      
J’ai peint ce tableau au retour d’une longue visite dans le grand camp de concentration de Breedonck près de Malines avec mon compagnon Thomas qui est un poète intellectuel tsigane dont une partie importante de la famille a été massacrée pendant le génocide, avec notre fille Eden qui avait dix ans et que cette visite a au moins autant intéressée que nous, et avec une trentaine de militants antifascistes"



Des œuvres militantes mises en beauté par une impressionnante muséographie, dans un lieu feutré et mystique.
à aller voir et revoir de toute urgence. En cadeau la revue de presse ! 

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