mardi 20 mars 2018

Des littératures pour voyager

Aujourd'hui, je vous présente deux romans coup de cœur que j' ai littérairement dévorés.

Le premier m' a été offert par une lectrice aguerrie que je remercie encore une fois vivement pour ce présent.
Il s' agit du chant des pistes de Bruce Chatwin, édité d'abord chez Grasset  en 2013  dans la collection Les carnets rouges, mais que vous trouverez également en poche ( un gros pavé tout de même).

Chatwin est cet écrivain voyageur, humble et poétique qui nous transporte en Australie. Il va suivre pendant quelques mois des sentiers poussiéreux et sinueux à la recherche du " chant des pistes" ou "songline". Ce serait selon la tradition aborigène le chemin de la terre, l'essence même du cosmos dans lequel l'humanité toute entière prend racine. Chatwin sépare son ouvrage en deux parties. 

Dans la première, notre aventurier anglais part à la rencontre des aborigènes et des habitants de lieux souvent tombés volontairement dans l' oubli. Une bière fraîche, un rocking-chair, un premier contact et Twain engage la conversation. Curieux mais jamais intéressé, il n' essaie pas d'imposer son point de vue européen ou ses coutumes occidentales car il a honte. Honte des violences coloniales et des massacres perpétrés par les anglais.  C'est donc un formidable ode à la vie, à la magie des légendes aborigènes et au voyage tant mystique que physique que nous livre ici Chatwin. 
La seconde partie se présente sous forme de petites anecdotes, de compilations philosophiques issues de ses anciens carnets de voyage . J'ai particulièrement apprécié les annotations de Chatwin sur sa condition d'homme blanc, élevé dans la tradition chrétienne qui se retrouve confronté à une autre manière de voir le ciel, le monde, les étoiles. Un très bel ouvrage à offrir de toute urgence aux amoureux du pays des kangourous, du kiwi et de la littérature de voyage.


Le second ouvrage qui m'a fait voyager est un polar recommandé par une amie qui publie sur  la page facebook Des livres Rances que je vous recommande chaudement en cliquant ici pour leur souhaiter une longue vie.
Il s'agit d'un  bon polar de Wiliam G. Tapply : dérive sanglante édité en 2007 chez Gallmeister. Ce prof de littérature, passionné de pêche, nous embarque dans le Maine, la région extrême nord-est des états-Unis.
On y respire l'odeur des plaines, on entend le clapotis des truites sauvages, on en vient même à sentir les aiguilles de pins frotter sous nos semelles de randonnée. Le lecteur fait très vite la connaissance de Stoney Calhoun, un être solitaire qui vit en ermite avec son cabot dans une petite cabane en bois. Sa passion vous l' aurez deviné :  la pêche, c'est pourquoi il réussit à se faire embaucher par Kate ( mon personnage préféré, une amazone ! ) jeune femme au caractère bien trempé qui tente de faire marcher son petit commerce dans le monde impitoyablement masculin qu'est celui de la pêche. Le passé douloureux de Calhoun se dévoile au fil des pages. C'est un amoureux des choses simples et des soirées à lire une énorme anthologie de la littérature américaine. Calhoun est amnésique suite à un grave accident dont il ne conserve aucun souvenir. Il souffre de certaines séquelles, notamment d'hallucinations visuelles plus que dérangeantes... Tout va basculer lorsque Lyle, son collègue et unique ami un peu hippie sur les bords se fait  assassiner... Je n'en dit pas plus mais ce qui est sûr c'est que vous aurez sans doute envie de découvrir la suite. L'auteur distille au compte-goutte mais avec ingéniosité des indices croustillants qui donne envie de suivre Calhoun dans ses prochaines aventures. Pour l' ambiance feutrée et la qualité des descriptions des paysages, je hisse dérive sanglante quasiment au même rang que  l'île des chasseurs d'oiseaux de Peter May

Bonne lecture sous la neige ! 







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