mercredi 17 décembre 2014

Zelda, nous voilà

C' est avec beaucoup de bonheur aujourd’hui que je me lance dans l' écriture de cet  article, qui j' espère fera honneur à son initiatrice. Je vais tenter de vous faire un mini résumé de la soutenance de thèse de ZDC intitulé : 
La chirurgie comme métaphore esthétique de la perte.

Si comme moi vous n' avez rien compris à cet intitulé pas de panique. ZDC explique avec sa verve et son langage qui la caractérisent que l' amour peut être à tout point de vue comparable à une opération chirurgicale. Elle inscrit ses travaux de recherche dans une démarche théorique pour que les Arts-Plastiques et la Littérature parviennent à sublimer l' acte chirurgicale


Comment rendre concret cet objectif ? 

ZDC a créé un moyen-métrage KRANK dont je vous laisse découvrir le synopsis Un chirurgien, le Dr Aliza Hadar, a mis au point une intervention afin de guérir le mal d’amour. Un nouveau patient, Zillan, arrive à la clinique, le chirurgien va être déstabilisé au contact de cet homme. Quant à lui, dans l’attente de son opération, il tente, entre rêve et cauchemar, de survivre à son chagrin.

Il est ainsi plus aisé de comprendre la démarche et la finalité de ce travail. Zelda a travaillé sur des scènes qui sont habituellement censurées dans le monde des Représentations ( romans, photographies, sculptures). Elle met en avant les gestes quasi chorégraphiques d' une opération. Le sang, les instruments d' acier, les blouses bleues et les gants de latex sont autant d' éléments artistiques sublimement orchestrés.  Zelda explique que l' acte chirurgicale en lui même peut être source de désir. Un scalpel devient une métaphore phallique, les viscères et le sang matérialisent la peur d' un avenir inconnu, ce que l' on ne voit pas et qui est caché par la peau. Peu à peu le lien entre opération et rupture amoureuse fait sens : intrusion de corps étranger, état d' inconscience, réveil cuisant lors d' une rupture, cicatrices, séquelles, rééducation. L' état d' endormissement dû aux somnifères peut être comparé aux endorphines qui plonge l' être humain dans une cotonneuse euphorie pendant l'acte sexuel ou un sommeil à deux. Le sommeil artificiel est une perte de conscience, une perte de contrôle de soi.
Zelda fait le lien entre KRANK et Nip Tuck , série américaine qui met en scène de manière directe, quasi-documentaire,  la cruauté et la violence des actes chirurgicaux dans un cabinet de chirurgie esthétique.
Il y avait énormément de monde venu assister à la soutenance de Zelda mais voici ce que j' aurais aimé lui indiquer comme référence en littérature contemporaine qui m' ont fait penser à son travail :


Monstres invisibles, Chuck Palahniuk


Les Survivantes
Les survivantes, Lalie Walker















Ces deux ouvrages traitent également de mutilation, d' amour et d' actes chirurgicaux. Chuck Palahniuk rappelons le, est l' auteur de Fight club. Monstres invisibles est subversif à souhait et ce thriller à chute vous laissera totalement sur le carreau. Le polard de Lalie Walker est plus édulcoré dans l' écriture mais si comme moi vous êtes migraineux, vous ne vous sentirez jamais aussi proche d' Anne Boher, médecin légiste à la morgue de l' hôpital publique de Strasbourg encline à des hallucinations et accès de folie. 

En tant que plasticienne, le travail de Zelda ne se limite pas à de simples comparaisons entre ses objets de créations ( elle présente également des photographies de liposuccion en bloc ) et une série télévisée.
Une vague déferlante de références artistiques et bibliographiques qui m' étaient jusqu'alors inconnues  me sont parvenues. Je ne pourrai malheureusement pas toutes vous les citer ici  mais en voici un modeste aperçu 


Max Oppenheimer , Flagellation, 1913



Otto Dix, Blessé 1916



Michel Journiac, autel portatif : messe pour un corps 1960

La plasticienne et auteur  Sophie Call pour son travail :  Douleur exquise  : livre et installations autour d' une rupture amoureuse




Sophie Calle, Douleur Exquise, 2007, Performance, Centre Pompidou, 


Un des artistes  incontournables de son travail n' est autre qu' Orlan.



Ses opérations chirurgicales deviennent performances artistiques mais pas que !



Ses œuvres tangibles plastiques, elle les a conçues avec son corps, ses opérations chirurgicales et ses propres cellules.
Elle propose une psychanalyse sur la condition de la femme : Pourquoi les souffrances sont -elles autan inscrites dans les chairs ? Pourquoi corps de la femme est-il constitué de souffrances, cicatrices et traumatismes alors que la terre elle-même est peuplée pour moitié de féminité ? 

Cette semaine, alors que cette soutenance résonne encore dans ma tête j' ai acheté au Monte-en-l'air ( Paris XXème ), deux ouvrages qui ont particulièrement attiré mon attention. Je les chroniquerai promis dans un billet post vacances scolaires.
Il s' agit de l' oeuvre de Thomas Mann :  ainsi que


le recueil de poèmes de Georges Bataille 

J'espère que cette petite présentation vous donnera envie de creuser ce sujet. Cela permet aussi de voir différemment les différents débats qui agitent la scène politique sur le droit à l' euthanasie ou le droit de mourir dignement. Déjà dès l' époque Antique, la chirurgie plastique était monnaie courante et beaucoup de célébrité mourraient en voulant ressembler aux modèles inimitables des artistes de l' époque. En Asie, les opérations à coeur ouvert pouvaient avoir lieu grâce aux technique d' acupuncture. Philosophes, hommes de Lettres, scientifiques, militants, beaucoup  se sont penchés sur la question de cette "mort " clinique pendant une opération, de la cicatrisation de l' âme et du corps. On endort pour mieux vivre, parfois pour mourir. 
Dans tous les cas grâce à Zelda, et à travers son oeuvre de recherche, on comprend que le plus important dans une vie c'est l' amour, c'est  vibrer, c'est  sentir battre un cœur  pour mourir, inexorablement






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