jeudi 8 octobre 2015

Kinderzimmer : une procréation de génie .

Bonjour à tous,
En cette fin d après -midi morose et pluvieuse où il fait quasiment nuit depuis 14 heures, je viens de terminer un ouvrage exceptionnel.
il se trouve qu il a été édité chez un de mes éditeurs fétiches :Actes Sud . Vous le retrouverez aussi chez  Babel .

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Kinderzimmer, pour moi qui n est jamais appris l allemand,  m'évoque un terme rude et métallique , comme une fermeture éclair que l'on referme d'un geste sec sur un tissu râpeux. 
Mais après la lecture de cet effroyable roman ( loin d être fictionnel ), le mot prend un sens beaucoup moins sensible. Loin de nous l'image du petit garçon joufflu aux dents biens trop blanches, au col roulé bien trop bleu marine , qui boit son grand verre de lait accompagné de sa barre chocolatée préférée ! 

 Suzanne Langlois est invitée à témoigner dans une classe de seconde sur ses années de déportation à Ravensbrück. Au sein de la classe, une première main se tend volontaire et innocente. La question que cette ado au sourcil percé d un anneau rouge va lui poser,  la déroute: 
 " mais madame comment saviez-vous à cette époque que vous marchiez vers Ravensbrück ? "

C'est de cette question que va découler le récit interne que Suzanne Langlois, alias Mila, va offrir aux lecteurs sous la plume experte de Valentine Goby. 

Je sais bien que les manuels d histoire français focalisent énormément sur cette seconde guerre mondiale et que les génocides africains amérindiens indiens asiatiques et ceux de toutes autres ethnies dont ne nous soupçonnons même pas l' existance sont sous- représentés dans la littérature comme dans les programmes scolaires. 

Seulement voilà , moi qui ne suis ni historienne ni spécialiste en géo-politique, c'est la première fois que je lis un livre qui parle de  maternité au sein d un camp de concentration
Mila est bien enceinte de quelques mois lorsqu'elle est déportée pour avoir traduit  des tracts résistants en partitions de musique
Sentir un corps étranger peut donc vous faire oublier les cadavres, le froid la faim. 
Le lecteur ne peut s'arracher à cette lecture. Il prie de toutes ses forces (on se fout du dieu invoqué) pour que Mila survive et on pense même à l impensable :que son enfant vive . 
Le récit de Valentine Goby ne s arrête pas là. Elle pousse les limites au delà de l'imaginable pour nous faire vivre par pro-création -curation une nouvelle espèce de maternité : la solidarité . La vraie , celle qui tue et qui vous maintient en vie à la fois.  
Je n'en dirai pas plus. Amis lecteurs ( ou non ) ruez-vous a la médiathèque la plus proche . 
À remettre dans toutes les mains, les bibliothèques, les cdi . Le lynchage de truc much air france m'est apparu tellement minable . Quelle blague : un tee shirt  déchiré pour un lynchage médiatique qui va lui rapporter une troisième couille en or. 
Ce témoignage, celui de Mila,  est un lynchage et  Ravensbrück une immondice nazie. Pour que toutes ces femmes et  hommes qui se sont battus ne soient pas oubliés au profit de nos petites préoccupations modernes, plongez - vous dans Kinderzimmer. Cela ne m'a pas fait de mal de me faire rappeler que somme toute, nous ne sommes que peu de choses.
Valentine Goby est une déesse de la pro-création . 
Merci 

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