jeudi 26 février 2015

Georgette découvre la maison rouge.

Ce soir, un petit billet coup de cœur coup de poing. En effet, je suis une inconditionnelle de la Halle Saint Pierre mais là c' est un autre lieu que j' ai envie de vous faire découvrir.
Moi qui suis la reine des quiches  des pommes (c'est meilleur pour la ligne) de l' Histoire des Arts, je suis toujours partante pour aller découvrir de nouveaux lieux d' exposition.
Donc en me rendant à la maison rouge, je ne savais absolument pas à quoi m' attendre.... et là bim : claque assurée. On me distribue un petit fascicule noir, je suis pressée de rejoindre mon amie L, venue avec ses deux enfants en poussette. Je me suis dis : ça va être une expo ludique, j' emmènerai peut être mes piou-piou avec le prof de pinceau.....
NON il faut emmener soit les bambins endormis  soit des lycéens et encore....
J' ai découvert les dessins à couper le souffler de Jérôme Zonder dans son exposition FATUM.
La maison rouge est le premier lieu où ce dessinateur parisien a accepté d' être exposé. Attention Jérôme Zonder a créé de toutes pièces les décors de son expo. 
On est immédiatement plongé dans un univers violent,  sombre, torturé et profondément militant. 
La première pièce est recouverte de végétation.
vue de l' expo dans la première salle
 La première série de dessin donne le ton : crâne évidé, viscères tombantes, visages déformés, sexes balafrés,  enfants sadiques, reptiles angoissants, nazi affichant un salut qui donne envie de vomir.... 
Jérôme Zonder, 'Les Fruits de McCarthy #2', 2013 / Courtesy Galerie Eva Hober, Paris

Tout y passe. Bambi est mort depuis longtemps mais l' univers de Disney omniprésent et dérangeant. Ces dessins contrastent avec des décors naïfs : un pommier, un chat au sourire de Joker...




Absolument tout est en noir et blanc, que ce soit les dessins exposés que les décors, il y a même des couloirs tout blanc et tout noir. et sutout Jérôme Zonder ne gomme rien : IL EST CONTRE ce principe d' effacer et de recommencer en oubliant le passé. 
Jérôme Zonder, "Pierre-François", 2011. incroyable: ceci n' est pas une photographie
Pour ceux qui iront à l' expo : regardez attentivement la série intitulée Les fruits du dessin, introuvables sur le net. C'est simple ces portraits auraient pu être pris en photo avec un filtre noir & blanc.....
Fatum réussit ce pari de l' Histoire indélébile. Le visiteur est marqué par cette cruauté mise en scène souvent par des adolescents voir même de très jeunes enfants....
 De plus en plus insoutenable .....
Jeux d' enfants #1, 2010 ; collection Antoine de Galbert, Paris.


Si j' ai choisi précisément ce dessin c'est qu' il rassemble tous les éléments caractéristiques de l' expo
- une précision du trait qu l' on pourrait croire à une photographie floutée par un ordinateur. Le dessin qui floute la réalité, c'est la première fois que je vois ça. 
- au niveau des représentations, la scène de torture est sciemment menée par des fillettes en culotte courtes et converses ! Le masque morbide ( ou les orbites creuses ) confronte le spectateur à sa participation active.Il regarde, il est témoin, nous sommes tous des tortionnaires par notre immobilisme. 
-Le clin d' œil est tellement gros qu' on pourrait presque le louper : notre Belle a perdu son clochard au profit d' un petit garçon suffocant. âmes sensibles s' abstenir.

Les autres salles sont moins sombres et les dessins présentés évoluent. L' Amérique est bien évidemment dans le cœur de cible mais la tragédie nazie et les génocides aussi. 
Un autre technique est utilisée : les empreintes de doigts plongées dans la mine de graphite ou de fusian  deviennent à la manière des impressionnistes, un tampon qui se répète à l' infini. Ainsi se sont les nuances de gris des mines plus ou moins concentrées ( non non pas les 50 ) et l' espace blanc qui créent du volume et des fortes sensations d' étouffement. Certaines scènes seraient des représentations réelles de chambres à gaz.....


érôme Zonder, 'Chairs grises #11', 2014 / Courtesy Galerie Eva Hober, Paris
L' expo finit en beauté avec une belle allégorie de l' autopsie de la belle Garance. Au poil près tout y est : 4 immenses  panneaux qui recouvrent et découpent au scalpel l' anatomie humaine.
Autopsie de la jeune fille, rêve de Garance, 2015.

Allez y courez c' est jusqu' au 10 mai 2015 et vu que tous les mots sont trop faibles pour décrire cette étrange expo ....

Ma copine L n' a pas de souci à se faire : elle va pouvoir réutiliser cette technique du doigt plongé dans l' encre mais je sais  qu' elle adaptera le modèle à représenter ! 

emi n ° 7 : ça progresse sur esidoc.

Esidoc est le portail documentaire des CDI, administré par le Canopé de Poitiers.
Son ancêtre BCDI-web  est un outil avec lequel j' ai  très peu travaillé  ( sauf pour le catalogage du fonds bien sûr ). En effet,  la recherche sur un catalogue normé ne me paraissait pas être un savoir-faire indispensable. Trop austère, trop normé, trop de requêtes sans résultats. Bref j' étais plutôt d' accord avec l' avis de mes élèves qui s' en sortaient bien mieux de manière intuitive dans les rayonnages.  
OK, cet argument n' est pas valable dans les établissement de grande taille. et puis cet argument n' est pas très professionnel pour nous les profs-docs.
C'est pourquoi je me suis lancée à la conquête d' esidoc mais pour le faire découvrir à mes élèves comme outil de la recherche n ° 1. En effet, avec la fin de pinterest en accès libre pour les revues de presse  et le déclin de plus en plus certain de netvibes, je me suis dis : il  faut un outil simple qui recense tous nos outils de veille et de présentation en un seul point d' accès!

Les gros avantages  d' Esidoc pour l' établissement : 
  • Les carrousels qui défilent offrent une réelle dynamique de présentation : mes lectures , les nouveautés, les coups de coeur.
  • La possibilité de créer des revues de presse mensuelles comme pinterest ( mais sous forme de carrousels ) 
  • la possibilité de rendre visible des sites internet catalogués
  • l' actualité du CDI pour nos expos par exemple ou l' arrivée du nouvelles commandes.
  • Intégrer nos autres outils internet à partir d' un autre onglet. Pour ma part " CDI connecté"sans parler des nombreuses possibilités de paramétrages.

Pour cette mini progression avec les élèves, j' avais envie qu 'esidoc devienne un outil malin qui leur permettent de gagner du temps.
Voici les thèmes de mes trois séances consacrées à esidoc
emi n ° 7 : esidoc fonctionnement + recherche de notices
emi n ° 8 : esidoc découverte des carrousels
emi n ° 9 : esidoc niveau expert avec auto- évaluation

emi n °7 ( un peu conventionnelle) : principe de fonctionnement + découverte de notices
j' ai évité les phrases trop longues dans les cahiers....
-brainstorming autour du mot esidoc ( easy + document ). Nous faisons une technique du soleil
Nécessité absolue de leur faire comprendre que l' on ne trouve pas les livres du CDI mais les notices bibliographiques des 4 familles de documents : fiction + documentaire + périodiques + sites internet.
J' ai essayé de simplifier au maximum pour un niveau 6ème.
 notice = petite fiche qui décrit le document.
- dessin collectif  une notice vierge avec les éléments de description purement classiques ( en gros un rectangle avec les mots listés suivants )
titre / auteur / éditeur / résumé / mots-clés / nbre de page / cote / couleur marguerite ( si documentaire) / adresse URL ( si site Internet) / date de publication / statut dispo emprunté indispo/
- distribution fiche pour la mise en activité, lecture collective des objectifs. Repérer les éléments d' identification d' un ouvrage grâce à sa notice bibiliographique.
- mise au travail 
bilan de la  première séance : pour toutes les classes, la prise en main d' esidoc est intuitive
les élèves reconnaissent souvent que les éléments d' identification à remplir dans le tableau proposé sont les mêmes que ceux de la course aux documents !! OUF 
le seul bémol : c'est que pour avoir accès à la notice en entier, il faut RE cliquer sur le titre.
Les élèves sont ravis d' aller sur Internet. Le deal de un point par ligne réussie a très bien fonctionné. 

Le challenge des futures séances : dépasser le simple repérage pour trouver de l' information qui répond à un réél questionnement. 
emi 8-9 très bientôt à disposition.
Bonne journée.

dimanche 22 février 2015

Une belle rencontre avec Yaël Hassan en réseau de réussite scolaire.

Chaque année, je me fixe comme objectif de faire rencontrer un auteur de littérature jeunesse à mes élèves. Cette année, en plus de la traditionnelle visite au salon du livre de Montreuil ( un petit billet retardataire à venir ), le collège a eu l' opportunité d' accueillir Yaël Hassan. 

Comment ? et bien grâce au soutien et au militantisme de l' excellente librairie Argenteuillaise Le Presse Papier ( comme diraient mes piou-piou le truc à côté du Quick en face de Babou). Depuis 3  ans, Catherine et Gilles, les libraires ont tissé un réseau d' amoureux des livres en tous genres pour se réunir au sein d' une association : sous les couvertures

Chaque année, un salon du livre d' Histoire est organisé. Dessinateurs, auteurs, conférenciers se réunissent pour débattre de l' Histoire avec un grand H. Des tables thématiques d' une qualité exceptionnelle étaient proposées : par continents, par régions, par pays, par culture. Du polar bien noir, des récits biographiques,des romans, des essais philosophiques,  des documentaires jeunesse, des bandes dessinées : il y en avait pour tous les goûts.

Yaël Hassan, célèbre écrivaine ( j' insiste particulièrement sur le genre ) était présente sur le salon. Reconnue comme une auteure de qualité  notamment pour  Momo petit prince des Bleuets mais aussi  : Le professeur de musique, de Sacha à Macha, La bonne couleur, libérer Rahia et j' en passe.... Une bibliographie époustouflante. Toutes les informations sur sa vie et son oeuvre sont consultables ici.

Aussi lorsque Catherine me propose de faire venir gratuitement  Yaël Hassan pour une rencontre  au collège avant la tenue du Salon  je fonce et je dis OUIIIIIIIIIIIIIII.

C'est ici qu' à commencer the big brainstorming. En rose, les réponses.
 ( ouvrir en prononçant le o comme un au s' il vous plaît ) 

- Quel intérêt pour ma classe de piou -piou de rencontrer un auteur ? 
lire, lire, lire, lire et lire. Oui mais pas que. 
Rendre vivant un écrit. Faire comprendre aux piou- piou que derrière chaque  livre se cache un être humain avec un parcours, une enfance, un métier, des choix à prendre, des rencontres déterminantes, des convictions, de l' amour.
Nous avons donc décider d' organiser une lecture commune avec une classe de CM2 du réseau de résussite scolaire appelé RRS. L' ouvrage retenu fut Momo petit prince des Bleuets, tant pour sa facilité de lecture que pour son pouvoir d' identification du " vivre ensemble au collège" et " réussir sa rentrée dans le métier d' élève ". 
La rencontre allait donc réunir 2 classes : une de sixième et une de cm1/cm2.


- Comment faire de cette matinée un temps de partage, de découverte et d' ouverture culturelle et surtout comment éviter les écueils du simple questionnaire ? 

Très simplement en scindant le groupe en 2 en mélangeant les élèves de primaire et de collège.
Sur ses 2 heures de présence ,  Yaël Hassan a rencontré chaque groupe sur une heure.
Il nous est apparu compliqué de dialoguer pendant 2 heures avec plus de 56 élèves au CDI. 
Pendant que le premier groupe rencontrait l' auteure, l' autre groupe se rendait en salle de classe pour relevé le défi scientifique concocté par nos soins.

La thématique de ce mini défi est Irène Joliot Curie, qui a donné son nom à la cité scolaire dont nos élèves sont issus. Un élève de 6ème avait à sa charge un élève de CM1 et CM2 pour relever le défi.
Chaque exercice proposé sous forme de jeu fait appel à des capacités et compétences  complémentaires : lecture d' un texte, lecture d' une image, reconnaissance du lettrage, schéma scientifique, logique, devinette et jeux de mots
Aucun élève ne devait se trouver en situation d' échec . 
A la fin des deux heures, les élèves de ma classe ont offert le goûter à Yaël Hassan et aux élèves de primaire, ravis de se gaver de bonbons avant de rentrer manger à la cantine.

Voici le défi scientifique  distribué aux groupe d' élèves. Une correction au TNI collaborative a été proposée.

Et comme je suis fan de Prezi, mes piou-piou ont écris par groupe un petit témoignage de cette matinée, témoignages disponibles ici.


à améliorer : nos élèves ont été très impressionnés par l' auteure.
 Les questions qui avaient été préparées pour l' interview étaient des questions simples. Les réponses apportées par l' auteur étaient très subtiles ( du genre impossible de savoir combien de temps je mets pour écrire un livre. Il n' y a pas un lieu ou une personne qui m' inspire particulièrement mais la vie en général......).
 Les élèves se sont sentis peut être un peu frustrés par l' absence de réponses claires et détaillées face à leur questionnement. Il faudra reprendre les réponses apportées pour les clarifier.
Nos élèves ont eu beaucoup de mal à se détacher de leur questionnaire.....

à renouveler : à l' unanimité le défi est une réussite. Le goûter final un grand moment de rire qui a permis des dédicaces et de nombreux selfies
Espérons qu' ils n' en retiennent pas que ça :-)

mercredi 11 février 2015

emi n ° 5 / 6 : c'est la course !

Bonjour à tous,

Aujourd' hui un minuscule article pour vous expliquer comment j' ai essayé de mettre en activité mes pious pious pour lier les séances précédentes : emi + document + 4 famille de documents. 

A ce stade de l' année, ils commencent juste à comprendre comment se repérer.

 Le but de ces deux heures:  ( oui je sais c' est long laborieux et répétitif mais le jeu en vaut la chandelle ) sera de :

@se repérer dans les espaces documentaires.

@utiliser la signalétique alphabétique et thématique de manière spontanée et intuitive ( le  principe de cotation unifiée est indispensable pour envisager ce genre d' activités)

@retrouver le document demandé

@repérer les clés d' identification du livre.

Les pré- requis en compétence info-documentaires sont les suivants :

- concevoir le CDI comme un lieu de ressources avec des documents.
-comprendre et surtout distinguer les espaces documentaires. Un élargissement des représentations initiales fut nécessaire pour dépasser la vision de la bibliothèque. L' aménagement du CDI améliore la visibilité des espaces documentaires " espace classe avec prezi"/ espace numérique / espace documentaire / espace périodique / espace lecture /
-comprendre la notion de document.


Déroulé de la séance.

@au tableau je projette le support élève des jeu des 4 familles et nous les (re) complétons ensemble.

4 familles =  4 principes de rangement

Présentation de la course.

Chaque élève va tirer au sort un petit papier parmi deux boîtes :
 boîte fiction /  boîte documentaire.

  •  La boîte fiction contient :  un titre d' ouvrage suivi du nom et du prénom de l' auteur
  •  ( environ x 20 ouvrages différents )
  • La boîte documentaire contient  un scan couleur  recto verso d' une couverture de livre documentaire
attention pour la prochaine fois : je vérifierai que les documents ne sont pas empruntés, qu' ils sont bien rangés  et que la cote scannée apparaisse bien en couleur sinon aucun intérêt.

Je voulais qu' ils comprennent d' eux même que
-  c'était le nom de famille de l' auteur qui importait si l' on tirait au sort dans la boîte fiction
-  c' était le N ° de famille et la couleur qui importait lorsque l' on tirait au sort dans la boîte documentaire.


Cette séance demande un peu de temps de préparation et de va-et-vient mais j' ai été vraiment étonné de l' intérêt porté aux deux séances.

Pour aller plus loin : sélectionner des ouvrages jeunesse en rapport avec les programmes 6èmes de français par exemple et des documentaires en lien avec la classification, la domotique, la naissance des écritures......

Voici le support élève distribué.
Bonne journée à tous.



mercredi 4 février 2015

Paris Utopie, nous voici.

Nous voici donc ce soir à la Cité de l' Architecture et du Patrimoine, afin d' évoquer la visite de la singulière exposition Revoir Paris. 

Les commissaires de cette expo vraiment originale sont : François Schuiten ( dessinateur de BD belges) et Benoît Peeters ( scénariste français ). 

Si comme moi vous êtes une quiche  bille en bandes dessinées ( en gros quelques Tintin et Persepolis ) :  ces noms ne vous disent rien c'est normal.
Si comme moi vous n' aimez pas trop la Science-Fiction ou les romans d' uchronie et que les cités obscures  ne vous disent rien, c'est encore plus normal .




L' avantage de cette expo c'est qu' elle est vraiment très bien construite
( normal vu le lieu qui l' accueille ).

 Dans une immense pièce aux murs blanchis, découpée en une nef centrale et d' alcôves latérales, Schuiten & Peeters présentent  leur vision futuriste de l' architecture de Paris à travers des planches originales. En voici quelques unes :


métro parisien d' Antan ou de 2145 ? 



le futur Notre Dame ? 


pas besoin de légende, juste des voitures volantes



 mon petit coup de coeur :


Ce corps de femme avec ses courbes si douces et sensuelles s' accordent à merveille aux verrières environnantes. Le velouté du grain de papier apporte une touche à la fois vieillotte et futuriste. Que voit cette femmes à travers les vitres ? Est-elle à l' air libre ou est-elle  emprisonnée dans une bulle dont les proportions dépasseraient la planche ? 
On peut toutefois imaginer le bain de lumière dans lequel cette silouhette sera baignée. 
La luminosité qui transparaît à gauche de l' image semble vouloir remonter vers les coupoles.
Ce dessin m' a fait penser à cette affichette de publicité pour un parfum ou une savonnette de Félix Potin. La lumière et les rondeurs de chair pleines sans aucun doute.




Schuiten et Peeters présentent leur dernière bande dessinée Revoir Paris, parue en 2014 chez Casterman.
L' intrigue me plaît beaucoup : découvrir un Paris oublié à travers les visions fantasmées d' une jeune femme. découvrez plutôt la quatrième de couverture : 
Revoir Paris - Benoît Peeters, François Schuiten -  - 9782203043275

 Février 2156. 
Kârinh est née dans l’Arche, une colonie spatiale créée par un groupe d’anciens Terriens qui a coupé tout lien avec sa planète d’origine. La jeune femme a toujours rêvé de cette Terre qu’elle n’a jamais vue, et tout particulièrement de Paris, ville découverte dans des livres miraculeusement préservés. Elle a donc sans hésiter accepté de diriger seule le Tube, un vaisseau en route vers la Terre, transportant une quinzaine de corps en hibernation. 
Mais les immersions, de plus en plus fréquentes, de Kârinh dans ses fantasmes de la ville ne vont-elles pas gêner la réalisation de sa mission ? Et surtout, une fois à destination, la Ville Lumière du XXIIe siècle sera-t-elle conforme à ses visions ?




Les dessinateurs ont réussi à transformer le Paris actuel en remodelant ses principaux bâtiments : Grand et Petit Palais reliés par des trams aériens, Notre Dame encastrée dans une bulle de verre autour de laquelle gravitent des tapis roulants, voitures volantes au dessus du champ de Mars transformé en forêt amazonienne.....
Loufoque ? pas tant que ça
C'est à ce moment que rentrent en action les petites alcôves de l' expo. 
Elles regorgent de vieilles cartes, de plans, de gravures où il est difficile d' imaginer ce qu' a été Paris au 19ème siècle. Montmartre n' était pas un arrondissement mais bien une cité à part entière, de même pour Charonne et Ménilmontant. 
Au delà des transformations architecturales, c' est tout un art de vivre qui est complètement révolu ( tionné ? )
Kârinh  me fait penser à l' héroine de BD qui a bercé mon enfance, une des premières figures féminines dans l' univers des bulles : 





Revenons en 2014.
On sent bien le militantisme de nos deux  auteurs. Promouvoir le Paris libéré de Haussmann et de ses  des grands quadrillages .

Beaucoup d' architectes, d' urbanistes, de sociologues ont conceptualisé dès le 19ème,  un Paris Autrement. Des arrondissements sous forme de forêts par exemple, ou encore une énorme statue d' éléphant place de la Bastille.

  Victor Hugo dans les Misérables, a rendu compte de cette statue moulée en plâtre, qui a réellement été implantée sur la place avant d' être détruite. Elle n' a jamais été consolidée dans du bronze, matière initialement prévue par l' architecte Alavoine. Gavroche se serait même caché au pied de l' imposant animal.....
La fontaine de l'éléphant, projet d'Alavoine (vers 1813-1814)

Avant de vous quitter, une dernière petite référence littéraire. 
Il s' agit d' un roman d' anticipation méconnu, rédigé par le maître  de la science fiction classique, Monsieur Jules Verne. Ce roman paru à titre posthume en 1994, a totalement influencé et inspiré les auteurs. Jules Verne a imaginé notre Paname des années 60.
Paris, 1960 : une métropole splendide, étincelante d’électricité, reliée à la mer par un gigantesque canal, sillonnée d’autos et de métros silencieux… Tel est le monde fascinant qu’ont forgé, conjuguant leurs efforts, la Finance et la Technique. Pourtant, cet avenir radieux a son envers. Seuls quelques marginaux, méprisés, bientôt vaincus par la misère et la faim, persistent dans le culte de l’Art et de la Poésie, tandis qu’un état omniprésent organise la distribution du savoir scientifique…


Une expo un peu déboussolante. Les dessins brouillent nos représentations pourtant solidement établies des grands monuments parisiens. C'est très agréable et instructif de confronter les planches de BD futuristes de 2014 aux projets architecturaux des visionnaires du 19 ème siècle.

Allez y et surtout ne ratez pas la vision dans le hall d' entrée :  contemplez les belles fesses d' un éphèbe grec surmontées de la phallique Tour Eiffel. Ça vaut le coup d’œil.

vendredi 23 janvier 2015

se mettre à la place des profs Times UP !

Bonjour à tous, 


Un article un peu plus pro(f) aujourd’ hui pour vous présenter comment créer un  jeu de cartes et animer un jeu de rôle sur la découverte du conseil de classe.

Tout est expliqué dans les PJ en fin d' article mais en gros : vendez leur la séance : Vous allez pouvoir vous mettre dans la peau d' un professeur ou d' un personnel du collège. Chacun a une carte et un rôle à jouer.
C'est parti ! 

Les ingrédients de la réussite : 

- une classe de piou piou de 6èmes ( ça peut même fonctionner en 5èmes )   dont vous êtes prof principal ( ou pas )

-une heure de vie de classe ( ou autre )

-un tableau numérique , un tableau velleda , des feuilles blanches suffisent en vrai

-une plastifieuse gentiment prêtée par tes collègues de maths ( ou pas )

- une ( future) collègue pour qui je croise les doigts afin qu' elle obtienne ce C**** qui  sert à épaissir  notre capacité à étaler de la confiture de la culture sur une feuille blanche. Animer à deux c'est un luxe. Chaque adulte peut encadrer un groupe xxx

- l' ingrédient ultime : le graphiste ( ça doit fonctionner aussi au féminin) vivre avec quelqu'un ( ou tout simplement connaître quelqu'un  )  qui vous soutient et qui vous aide à faire de la mise en page. Pour vous donner une petite idée de celui qui a créé le graphisme des cartes, c'est ici.

Avant de vous donner les supports voici un petit bilan pour amélioration

- il faut prévoir une heure complète car si vous avez de l' argent pour  photo de classe à récolter  ou des mots dans le carnet à faire coller ( vismaviedeprofprincipal) c'est FOUTU.
-lire d' abord ensemble le bulletin de classe ( surtout bien préciser qu' il est inventé !)
- dessiner au tableau  2 cibles ( une par groupe )  et mettre des croix jusqu' au centre de la cible  pour réguler le bruit ( article à venir )

 un retour hyper positif : les élèves ont adoré. Certains ont eu du mal à se détacher du texte de leur carte-personnage mais d' autres ont imité à la perfection leur personnage. Cela a dédramatisé la tenue du conseil de classe. Il n' y a pas eu de débordements ou de moqueries ni même de caricatures.

Le meilleur retour c'est lorsque des pious pious d' autres classes viennent te voir pour te demander si eux aussi ils peuvent faire le jeu. J' ai prêté le jeu aux collègues qui me l' ont demandé. 
MERCI aux deux personnes mentionnées ci dessus elles se reconnaîtront.

le déroulé 

le jeu de cartes 

le bulletin inventé






mercredi 21 janvier 2015

Sale temps sur la capitale : "Weather" de Lucy Guerin

La pièce Weather de la chorégraphe australienne Lucy Guerin peut se lire comme un hymne intemporel à la nature et aux éléments. Elle prend aussi, aujourd’hui, tout son sens dans le contexte climatique dans lequel nous vivons.

Les corps sont ballottés par le vent. Le souffle de la nature, plus ou moins puissant, entraîne, déchaîne, se radoucit, se stabilise. Les danseurs commencent à former une chaîne où s’installe une série de mouvements qu’ils répètent à l’infini. Soudainement, cette répétition est soumise à un changement brutal, tel un grain de sable dans la machine, un ou une danseuse vient briser le rythme des autres, les propulsant dans d’autres mouvements, d’autres rythmes, pour de nouveau reprendre leur place dans la chaîne.
Un rappel, par la danse, par le mouvement, le rythme, le corps, des bouleversements météorologiques et écologiques que nous subissons chaque jour.
Les six danseurs et danseuses sont sobrement vêtus, un « shorty » sombre et un haut en mailles ajourées, dans les tons bleutés et gris, aux couleurs d’un ciel tempétueux… Les costumes laissent donc entrevoir la peau qui, ainsi laissée à nu, est en prise direct avec le souffle du vent, la chaleur ou le froid, la marque du temps et de ses aléas. Tout cela on l’imagine aisément.
Tout au long du spectacle, j’ai souvent eu l’impression que les danseurs se battaient contre des moulins à vent. Cette idée que l’homme voudrait dominer la nature en y introduisant une répétition, une habitude, une stabilité qu’elle n’a pas, est ici représenté par la répétition de mouvements « mécaniques », créés par l’homme, mesures souvent vaines pour affronter les désordres du climat. On pense aux tempêtes, ouragans, tsunami, tremblements de terre qui viennent rappeler que l’homme est tout petit face à la force de la nature.
Le travail de Lucy Guerin est une danse parfois très structurée, plus souvent imprévue, sensuelle, «éco-sensible», qui interroge notre rôle face aux bouleversements climatiques, sans pour autant se montrer donneuse de leçons.
Weather de Lucy Guerin à voir au Théâtre de la Ville à Paris.

vendredi 16 janvier 2015

Maruyama Ôkyo, nous voici









Aujourd'hui un article très attendu sur la magnifique expo du musée Cernuschi
Le Japon au fil des saisons.  Vous trouverez ici l' article d' une amie qui évoque avec virtuosité un tableau peu connu mais admirable : un kakemono de Mori Sosen.

Pour ma part, j' ai sélectionné quelques œuvres au fil de notre visite. Toutes sont d' une extrême beauté. La muséographie de l' exposition est tout à fait remarquable. la lumière tamisée n' étoffe en rien le regard du visiteur. Les cadres des œuvres, en soie ou cousue d' or,  s' intègrent totalement à l' harmonie d' ensemble de ce beau parcours qui nous est proposé.  Tant par le contenant que par le contenu, amis linguistes saussuriens, admirons ensemble  ces petits bijoux comme  les deux faces d' une pièce de monnaie.  

La première œuvre qui m' a éblouie par son audace et son originalité fut celle de Tani Buncho ( 1763-1840) qui représente le Mont Fuji.
La technique utilisée se prénomme le lavis d' encre. Regardez comme ce lieu magistral est représenté à travers les dilutions d' encre et de pierre fumée frottées à même la toile pour produire cet effet de délavement, un peu angoissant. 

Nous sommes loin des représentations évoquées par les poètes du VIIIème siècle, qui érige le mont Fuji comme montagne sacrée, riches de natures et de pouvoirs ancestraux. Les grandes bandes blanches qui peuvent paraître tremblotantes sont en fait totalement décidées par l' artiste. Entre air, nuage ou neiges vaporeuses, ce sont nos sens en éveil qui décident ce qui fait partie du fond ou de la forme centrale. De la végétation  sombre et abondante, se dégage une impression d' humidité luxuriante. L' eau devient à la fois matière d' absorption, un  tracé et un ressenti corporel. 
Notez la signature calligraphique qui tout en étant reliée à la végétation, se distingue par son sens et de par son contraste avec la couleur rouge
Voici l' indication que l' on peut lire en bas du tableau et qui résume tout à fait l' état d' esprit de Buncho lorsqu' il peint ce tableau.
" Peint au studio de l' Eau et des Nuages, printemps 1802". 
La peinture, sûrement effectuée  à plat pour éviter aux encres de baver, est parfaitement encadrée par ce rouleau vertical ( kakemono) . Une première bande aux motifs symétriques et lumineux est elle  même entourée d' une autre bande dans l' esprit "sépia " à motif floral. Ce cadre permet d' admirer la luminosité de la peinture construite seulement à partir des deux couleurs monochromes principales. Un véritable exploit.





Le courant pictural Rinpa qui traverse la peinture du 17ème siècle  était un mouvement également réaliste, dans un dimension copiste  mais au sens stricte de l' observation accrue et de la justesse précise des détails naturalistes.
Les écailles de poissons, les gouttelettes d' eau suintant des pétales de nénuphars, les vaguelettes blanches peintes grâce à de la réduction de poudre d' huitres en sont quelques exemples. 
Ces modèles harmonieux de la nature  étaient admirablement retranscris dans une peinture plate, sans perspective à proprement parler. Ces œuvres étaient de nature décoratives, sans personnage afin que le visionnage simple pousse au delà de la contemplation à une véritable méditation

 On imagine le temps passé à l' observation, telles les planches d' herbiers savamment conservées au fil des ans. Chaque rainure, chaque tige, chaque plume est reproduites. La perfection est si intense, qu' on a beaucoup de mal à détacher notre regard de tous les petites rondeurs. Le visiteur se sent totalement absorbé par cette nature harmonieuse et apaisante. La sagesse du temps qui passe,inexorablement au fil des saisons ne pourrait  être mieux dépeinte.

Détail. Nakabyaschi Chikuto (1776-1853): Fleurs et oiseaux des quatre saisons : le printemps


Dans le tableau présenté ci-dessous, la technique est différente. C'est la couleur blanche ( en réalité celle du fond ) qui devient le motif plein. Quel paradoxe incroyable : le vide devient matière. Là encore, de grands coups de pinceau à l' encre brute parviennent à ériger quelques pousses de bambou. Je vous assure que le froid se fait sentir rien qu' en regardant trembler les petits oiseaux. On retrouve ici la technique de Buncho dans laquelle l' effet fumée de l' encre se dissolve dans des nuances décolorées car délavées. 


Détail. Nakabyaschi Chikuto (1776-1853): Fleurs et oiseaux des quatre saisons: l’hiver.gende

 A chaque saison sa technique et c' est loin d' être terminé.


Voici un tableau  traditionnel dans le choix du sujet. On y retrouve les ingrédients  des grandes estampes japonaises traditionnelles : les pivoines bien évidemment, érigées au même titre que les fleurs de cerisier ou les tiges de bambou comme constitutives de la nature du continent
L' artiste Ôkyo est considéré comme le fondateur du mouvement réaliste au Japon, reconnu comme mouvement artistique officielle de l' école officielle Kano. Les couleurs sont étincelantes et chatoyantes malgré leur âge. L' escalade de plumes qui enrobent les pierres et les fleurs sont le symbole d' une nature protégée et respectée par dessus tout.  
Si l' on s' approche bien, on voit même de petits motifs de lapins sur les bords latéraux de l' œuvre contre un envol de cigognes d' or  sur fond noir. 
Tout s' équilibre.
Maruyama Okyo (1733-1795), Paon et pivoines. Rouleau vertical (kakemono), encre et couleurs, lavis d’or sur soie, 135 x 70,6 cm. Daté de 1768.



Une autre merveille dans un genre plus épuré et moins chargé, l' œuvre de  Sakai Hoitsu.
L' arbre à kakis représenté prouve que le tableau a été peint au mois d' Octobre. 
Une finesse aérienne se dégage du tableau. Ces fruits si ronds, chargés de luminosités sont sûrement un rappel aux lampions traditionnels. Le tracé du pinceau glisse sans hésitation, on a du mal à croire que la technique numérique n' y soit pour rien . Cette œuvre se situe  au carrefour de toutes les techniques vues jusque là. Le lavis d' encre dans l' unique feuille ou à la racine de la branche est bien présent et se distingue par sa couleur bleuâtre. Ici encore vous ne verrez aucun tracé, ni cercle qui délimitent  une branche ou les corps des petits oiseaux. Le blanc devient la forme ronde et duveteuse de ces petits moineaux.
Trois mejiro sur un arbre à kakis, Sakai Hoitsu
Voici la traduction de l' inscription  écrite par Kameda Ryorai, lettré confucianiste.
" Le vent du soir souffle, apportant la pluie jusqu' à mon ermitage sylvestre
Les feuilles du kaki, soulevées par le vent, tournoient et rougissent; 
dessus je trace un poème
la Xiao et la Xiang ( s' écoulent ) à l' infini, ( emportant ) mon esprit
vers les fleuves et les océans
Un vase à vin et une perche se font face, ( ils me ravissent)
Ryorai Shi le pêcheur "


Comme toutes les bonnes choses ont une fin, on s' en est mis plein les mirettes. L' exposition est désormais terminée.
Merci à celles qui m' y ont entraîné; elles se reconnaîtrons
Nous  en sommes sorties  à la fois grandies et remplies d'humilité , émues et conscientes de notre petitesse dans l' univers.