vendredi 13 octobre 2017

La différence invisible ou une jolie fleur dans une peau de ....

Cette brève chronique signe bien le retour de la plume clavier endiablée de RougeGeorgette (mais pour le clavecin on reviendra). En pleine psychose pause, j'ai envie de dévorer la vie à pleine dent, avec des bouquins et des ballons de rouge dans lequel les tanins grumeleux râpent la langue. Pas très originale me direz-vous ? En effet ! Fichtre. Amateurs de chroniques littéraires chiadées qui traquent le web underground pas peur d'être taxés de bobos de merde, passez votre chemin (d'ailleurs on est tous le bobo de quelqu'un non ?) !  Je décide de vous parler ce soir d'un lecture totalement découverte par hasard grâce au défi babélio que j'organise dans mon collège avec mes pious-pious. Il s'agit de la différence invisble, aux éditions Delcourt/mirages. Les textes sont de Julie Dachez et mis en bulles par Mademoiselle Caroline.

Résultat de recherche d'images pour "la différence invisible" Malgré la publicité faîte autour de cette bd sur le syndrome Aspeger, qui tient son nom du psychiatre autrichien qui a réussi à isoler les caractéristiques de 4 garçons étiquetés à cette époque (1944)  "psychopathes autistiques"; j' ai découvert avec bonheur et simplicité cet ouvrage. Il est à la fois très complet, subtil avec plusieurs niveaux de lectures.
 Nous suivons les aventures de Marguerite, jeune cadre dans une entreprise mais qui préfère ses chats aux cancans de la cantine et de ses collègues. Mademoiselle Caroline joue d'un trait enfantin pour dessiner avec précision et netteté l'environnement urbain et cacophonique de notre jolie fleur. Hypersensible et émotive notre Marguerite,  Brassens se retournerait dans sa tombe car Marguerite est sans filtre : elle refuse les invitations de ses collègues pour boire un café, pense tout haut ce qu'on penserait tout bas (ce pull a vraiment une couleur à chier #caca doigt), est incapable d' avoir accès au sens  caché d'une expression idiomatique " Il pleut comme vache qui pisse". Des petites touches de couleurs hypersensibles libèrent l'expression des personnages secondaires, bourrés de préjugés et de bonnes morales bien mal pensées. La meilleure "Mais tu vas guérir, il y a des médicaments" ou alors (paroles de généralistes) : "mais enfin tu me réponds en me regardant dans les yeux tu ne peux pas être autiste !". Et non ce n'est pas une maladie c'est un développement neuroatypique. Pas de scènes violentes ni choquantes mais des émotions intenses et sincères. Le petit bonus de la prof doc : un petit mémo en fin d'ouvrage sur le syndrome, à déguster avant de tomber dans la marmite de cette délicieuse lecture. Cela permet de découvrir les notes humoristiques de la narratrice qu'elle a disséminées aux 4 coins des cases. Une petite note finale philosophique sur le normal et le pathologique. Plonger dans un univers qui nous est étranger fait peur. On octroie à celles et ceux qui sont différents de nous des " troubles " des "maladies". Mais pour fonctionner, la société a eu besoin de créer ces catégories en espérant les maintenir sans jamais les intégrer, voir pire, sans jamais les comprendre. Big Up à tout ces gens formidables dont les témoignages participent à la qualité de l'ouvrage. La vie est belle. 
Georgette la douceur.