mardi 20 février 2018

Toxique Surdose

Salut mes p'tits lapins.
Je vous présente aujourd'hui deux ouvrages très différents mais qui vont fort bien ensemble.
C'est un procédé que je fais malgré moi lorsque je lis deux bouquins coup sur coup. J'aime y trouver des liens et tisser le fil des ressemblances. Et entre ces deux là c'est toute la noirceur humaine et sa psychologie  qui prennent place. De quoi est capable l'être humain, quel que soit son métier, son milieu d'appartenance, sa classe ( criminale ) sociale pour échapper à la vérité, à l'angoisse et au présent ?

 Dans Surdose, publié aux éditions Gouttes d'or, Alexandre Kauffman intègre la seule et unique équipe de police chargée des overdoses qui ont lieu dans Paris intramuros. C'est ce qu'on appelle une non-fiction. Le 36 en dénombre environ 20 par an ( ce qui me paraît assez peu ).

Ce journaliste qui  fait  parler de lui en ce moment, relate dans ce court ouvrage incisif les méthodes d'interventions de cette brigade si spéciale. Parce que même si ça y ressemble, Surdose n'est pas un roman policier. Tous les faits relatés sont vrais et les portraits brossés sont décris très simplement. Ce n'est donc pas une écriture pédante de la France d'en haut qui chercherait un bénéfice intellectuel à délier sa plume chez les poulets de Surdose. 
Dans des quartiers très différents de Paris, dont un dans lequel je réside et l'autre dans lequel je travaille ( oui je sais on s'en fout mais c'est la dure loi de la proximité : c'est arrivé près de chez vous alors cela vous t(o)uche ! ), trois corps sont découverts :  celui d'un dentiste d'un informaticien et d'une jeune étudiante en histoire de l'art. Trois drogues différentes sur lesquelles je ne m'étendrai pas car je n'y connais rien. Pourtant je n'avais jamais pensé à cela avant. Qui se charge d'aller chercher ces corps ? Comment analyser la profusion de drogues créées chaque jour dans le monde ? Comment sont elles répertoriées ? Loin d'enfoncer des portes ouvertes, Kauffman ne juge ni le consommateur ni le dealer, même celui qui vend de la came , bracelet électronique au pied dans un über. Je ne peux que vous encourager à lire Surdose mais pas pour vous faire peur seulement  ( même si on apprend que l'on peut mourir d'une infime prise unique à côté d'un monoprix) mais plutôt pour amorcer le débat : après la constatation de cette réalité : que faire ? 
Je suis une fervente défenseure des salles de shoot. J'espère que la publicité faite autour de cet ouvrage servira cette cause. Plutôt que de cacher la poudre sous le tapis et de continuer cette politique politicienne de l'autruche, réfléchissons plutôt à une politique préventive, éducative plutôt que répressive. L'alcool, le tabac le sucre, les écrans, nous sommes tous soumis à des addictions. C'est sûrement le propre de l'être humain de rechercher du plaisir simplement et rapidement pour fuir un quotidien, une détresse ou tout simplement pour retrouver un sentiment de contrôle. On ne juge pas un livre à sa couverture mais le travail original
d' Agence Miracle est à la hauteur du contenu proposé. Bravo


Dans un tout autre registre, pour le coup un bon polar qui explore aussi à sa manière la fuite de la réalité. Il s'agit de Toxique.
Je ne suis pas fan des polars où l'identité de la meurtrière est connue dès le début. L'intrigue ne repose donc pas sur la découverte de son identité mais sur LA cause qui emmène cette femme psychopathe à commettre les pires atrocités. Une femme qui ressemble à Mme tout le monde.  Niko Tackian nous emmène dans les méandres de la psychologie humaine en se servant de tous les ingrédients bien connus du genre policier. Des destins de vie complexes, des flics torturés, des secrets de familles, des scènes de torture, des rendez-vous clandestins... Ce n'est pas le roman policier de l' année mais j'ai aimé les profils psychologiques dressés. J'attends la suite ! 
Vous noterez que la couv n'est pas dingue ! Dommage....

lundi 12 février 2018

Pendant ce temps, Simone veille ..... mais pas au grain !

Hier soir, j'ai eu la chance de pouvoir aller au théâtre gratos. Un copain que je ne citerai pas ici mais que beaucoup d'entre vous reconnaîtrons bosse à la comédie Bastille et nous offre 4 places.
 Rassurez-vous : pas une pièce qui dure des heures où l' on s'endort presque confortablement, les genoux cognant contre la banquette de devant  en velours défoncée. Je ne m'attendais à rien si ce n'est le titre : Pendant ce temps Simone veille.
 Je me dis chouette, on va parler de féminisme, de philo, des hommes, de la vie quoi ! Et bien je dois vous dire que je n'ai pas été déçu du voyage. Enfin si ! Enfin je m'explique.
Imaginez un scénario plutôt bien ficelé. 3 destins de femmes à quatre époques différentes. 
Les années 50 puis 70 puis 90 et enfin 2010. Chacune des actrices va jouer sur un axe diachronique une figure maternelle de sa propre lignée de l' arrière grand-mère à la jeune femme indépendante ( ou pas ) de nos jours. Une jeune mère des années 50, une des années 70 ( mère et fille donc ) et ainsi de suite sur 4 générations.
Commençons par le positif car il y en a tout de même eu un peu. J'ai beaucoup aimé ce lien transgénérationnel. Qu'auraient pensé nos grand-mères de notre divorce , notre IVG, notre pouvoir de séduction ? Quelle est la différence entre se faire refaire les seins et choisir une nouvelle robe pour plaire à son mari ? Sauf que cette dernière phrase vient de moi et ce n' est pas du tout le parti pris de la pièce. " ( citation où j'exagère à peine : Oulala tu ne vas pas te refaire faire les seins tu dois assumer tes petits seins et apprendre à te mettre en valeur pour séduire !!!)  Mais je vais encore continuer sur quelques lignes sur le côté + . Un quatrième personnage, en mode speakerine intemporelle va permettre de faire de petites apparitions historiques : 
- le droit de vote pour les femmes
-la dépénalisation de l'IVG
-le droit de divorcer avec consentement mutuel, de porter un pantalon ( 2008 ! aux chiottes Napoléon). J'avoue j'ai la flemme de regarder les dates sur wikipedia.

Mais quand même j'ai été choquée de voir qu'une jeune scénariste prolifère encore l'amalgame = PORTER UN VOILE = SOUMMISSION . 
On peut être féministe et musulmane. on peut vivre dans une cité et ne pas se faire violer dans une cave. Comme le rappelle je ne sais plus laquelle une étude de L' INSEE, 95 % des viols que subissent les femmes sont menés par des hommes  connus de leur entourage toutes classes sociales confondues ( Oh mari es-tu là ? ).
 Et le must du pompom étaient les mini-comédies musicales sur le " TCHADOR t'es mon amour mon trésor" . Là j'avoue j' ai failli quitter la pièce. Pas un mot sur #meetoo ni sur des solutions concrètes pour militer au quotidien . Car oui c'est bien cela le problème dans cette pièce : de gros clichés qui font rire tout le monde. La femme moderne assume son côté putain ( putophobie en veux-tu en voilà à gogo mais sans les danseuses ) et cherche un homme qui descende les poubelles et bande comme un taureau.
Bref, une pièce limite qui manque  de profondeur et de réflexion à mon sens. 
Contrairement à ce qui est revendiqué une femme peut être libre ET porter le voile, comme de se faire refaire les seins. Libère toi des diktats du patriarcat ( ça oui ! ),aimons-nous les unes les autres  mais aucune mixité religieuse ou ethnique n'est représentée sans parler de la grossophobie omniprésente. Elles sont toutes les 3 blanches, il y en a une qui est homo en 2010 ( whaouuuu l' évolution ! ) et elles sont toutes carriéristes. Il y a une dernière chose qui m' énerve dans ce féministe superficiel et donc qui se veut consensuel. 
Une femme épanouie est une femme seule avec ou sans enfant avec un bon amant. Mais bordel. Que fait-on des ces couples trans, bi, libertins, homo, hétéro et tous ceux qui ont envie d'avoir des gamins? Moi je les respecte et je leur tire mon chapeau car je n'ai pas eu encore ce courage. On peut être féministe et vouloir ne pas travailler et/ ou vouloir  faire des tartes au pommes avec ses enfants sans pour autant être une femme au foyer soumise et sans volonté
Et j' ai compris hier soir que s'il y a bien un mot qui ne fait pas consensus c'est bien celui de féminisme. Et comme je suis nulle en citation je reprends juste l'idée de notre" burqua de chair" de Nancy Huston, cette burqua que  la femme européenne que je représente porte malgré elle pour survivre dans cette société de wonderwoman indépendante. NH   tend grâce à cette expression  à contrebalancer cet islamophobie ambiant qui vient pourrir nos sociétés depuis déjà des lustres

Et comme je ne veux pas que vous dépensiez un centime pour aller voir cette pièce je vous propose d'aller emprunter deux ouvrages à la bibli ( pas amazon(e) s'il vous plaît mouhahahah ).

Un roman de Michael Cunningham qui conte  24 heures dans la vie de 3 femmes aux destins, chronologies et lieux de vie différents. Le fil directeur est 'Mrs Dalloway', le roman phare de Virginia Woolf, et ses vingt-quatre heures dans la vie d'une femme. On suit donc les trajectoires de ces trois femmes en parallèle sous une plume toute woolfienne : C'est à New York, en cette fin de XXè siècle puis à Londres, en 1923 pour terminer à Los Angeles, en 1949. Clarissa est éditrice, Virginia écrivain et Laura, mère au foyer. Les dernières pages révèleront ce qui les unit.

Pour ceux que le sujet titille je recommande l'excellent ouvrage un peu délicat à lire mais qui dépoussière les idées reçues mieux que Monsieur propre à la javel : je nomme l'excellentissime
Féminismes et islamiques de Zahra Ali

Bonne reprise à tous !  et Bonzaï