dimanche 10 juin 2018

Nathalie, Lucile, Geneviève, Rebecca, Lisa, Catherine


Pour bien débuter le mois de Juin, une rapide présentation de mes lectures et de notre formidable rencontre avec Nathalie Stragier, auteure de la trilogie :

Une couverture peu aguicheuse à mon goût mais à force de voir mes élèves se l'arracher je finis par le lire. Et là surprise. Loin d'être un roman de chick lit à l'eau de rose, je découvre un roman d'anticipation....féministe ! Imaginez une fille du futur Pénélope ( qui vit en 2187 précisément ) et qui débarque aujourd'hui dans le lycée d' Andréa. Pénélope va découvrir avec stupeur et quelques tremblements les codes patriarcales qui règnent en maître aujourd'hui. Pour elle, notre monde est proche du Moyen-âge ( pourtant plus égalitaire qu'il n'y paraît ). C'est Andréa qui va recueillir cette énigmatique adolescente qui porte en elle un lourd secret digne de 1984 et du Meilleur des Mondes. Un mercredi aprèm, avec quelques élèves du club lecture, je débarque à la bibliothèque rue Crimée dans le 19ème. Il y a peu de monde, il fait chaud il est 14h30 et tout le monde a envie de rentrer chez soi ( surtout moi ! ). Mais on voit débarquer un petit bout de femme. Elle s' assoit en face de nous et déclare « c'est parti ! On se tutoie et on pose toutes les questions qui nous passent par la tête ». Mais c'est elle qui pose des questions. Pourquoi à votre avis Pénélope s'appelle Pénélope ?
Et oui, c'est un clin d’œil à la mythologie. Sacrée Pénélope, épouse et amoureuse d'Ulysse, qui pour rejeter toute une liste de prétendants à Ithaque ( pendant que son cher et tendre perce les yeux d'un cyclope) a une technique bien à elle. J' épouserai l'un d'entre vous lorsque ma broderie sera terminée ( broderie qu'elle découd toutes les nuits ). Bref, intéressant et judicieux. Nathalie explique qu'elle a écrit un livre qu'elle aurait aimé lire à son adolescence. Facile à lire, humoristique et féministe. La deuxième question qu'elle pose est : que pensez-vous de l'épilation ? Pensez vous que «  la vie soit trop courte pour s'épiler la chatte ? ». Mes élèves se retournent vers moi rouges comme des pivoines et me demande si je connaissais Nathalie Stragier avant de les emmener ici! Une main hésitante se lève. Une ado aux cheveux courts répond : oui je suis d'accord. Mais c'est tellement dur de ne pas faire comme les autres : tout le monde se fout de votre gueule au lycée si jamais on a 3 poils sous les bras ». Réponse de notre autrice : c'est vrai mais j'ai espoir que les choses changent. Je ne vous dis pas de ne pas vous épiler. Chacune fait ce qui lui plaît pour se faire emmerder le moins possible mais par pitié allez acheter vos rasoirs dans le rayon masculin où le même produit est vendu moitié prix. ». Une rencontre qui fait du bien. On attend avec impatience la parution de son nouveau roman pour septembre.





Une autre lecture que je ne peux que vous conseiller : 
Pourquoi les filles ont mal au ventre.
Cet album est un manifeste féministe accessible à tous les niveaux de lecteur-e-s et de lecture. Et non ! Vous n' entendrez pas parler de règles ou de sautes d'humeur mais de toutes les inégalités que subissent les femmes du monde entier. Ce sont elles qui débarassent, qui aident à cuisiner, qui font de la danse et pas du foot, qui doivent cacher leurs vergetures. La bichromie relève la subtilité des messages et des illustrations choisies ; la preuve :



Dans un genre plus documentaire j'ai dévoré l'ouvrage de Rebecca Solnit, essayiste américaine née dans les années 60. 
Elle explique avec beaucoup d'humour et de données chiffrées pourquoi les hommes expliquent aux femmes comment elles doivent s'y prendre dans tous les domaines.
Le premier chapitre est succulent. Elle rencontre un homme mondain et hautain ( cela va souvent de paire ) qui lui explique l'importance d'un ouvrage historique . Solnit n'arrive pas à s'exprimer ni à lui couper la parole pour lui donner son point de vue sur l'ouvrage en question et finit par lui clouer le bec : c'est moi qui en suis l'auteure ! Un langage clair et sans détour sur les thématiques sociales modernes. La fin de l'ouvrage rend hommage à Virginia Woolf . Je n'en dis pas plus.

Pour finir sur une touche polar, j'ai enfin lu un roman de Lisa Gardner dont j'avais beaucoup entendue parler. Il s'agit de famille parfaite
Cette famille ce sont les Dembe, tout droit sortie de Hystéria lane ( les housewife désespérantes ). Un vendredi soir, toute la famille est enlevée : Justin patron dans le BTP, Libby son épouse qui fabrique de beaux bijoux et leur adorable fille Ashlyn.
Tessa Leoni, ancienne policière reconvertie en détective privée, est employée par l'entreprise de Justin pour les retrouver vivants mais la demande de rançon tant attendue par les services de police tarde à arriver , ce qui n'est jamais bon signe. Les profils psychologiques des otages, surtout celui de Libby sont parfaitement bien maîtrisés jusqu'au moindres détails. Libby incarne cette génération de femmes qui entrent dans la cinquantaine remplie de doutes mais prêtent à tout pour rester la femme qu'elles ont envie de rester : libre et heureuse à la fois. J' ai toutefois été déçue par le dénouement. Mais une belle découverte tout de même !

Cette fois c'est la dernière, promis, une superbe découverte à offrir à nos ados, à toutes celles qui rêvent de reconversion professionnelle ou qui redoutent un burn out.


 Catherine Dufour nous émerveille. Chaque chapitre présente un métier improbable ou méconnu ou qui a la mauvaise réputation d'être inaccessible aux femmes.
Il se décompose toujours de la manière suivante :
On découvre le métier avec …... ( souvent dans les années 1800 ) et le métier d'aujourd'hui.
Cosmonaute, Pilote de ligne, aventurière, agent secrète, écrivaine, cheffe.... à la fin de chaque chapitre une liste bibliographique humoristique et documentée. 
Chapeau mesdames.