Une couverture peu aguicheuse à mon
goût mais à force de voir mes élèves se l'arracher je finis par
le lire. Et là surprise. Loin d'être un roman de chick lit à l'eau
de rose, je découvre un roman d'anticipation....féministe !
Imaginez une fille du futur Pénélope ( qui vit en 2187 précisément
) et qui débarque aujourd'hui dans le lycée d' Andréa. Pénélope
va découvrir avec stupeur et quelques tremblements les codes
patriarcales qui règnent en maître aujourd'hui. Pour elle, notre
monde est proche du Moyen-âge ( pourtant plus égalitaire qu'il n'y
paraît ). C'est Andréa qui va recueillir cette énigmatique
adolescente qui porte en elle un lourd secret digne de 1984 et du
Meilleur des Mondes. Un mercredi aprèm, avec quelques élèves
du club lecture, je débarque à la bibliothèque rue Crimée dans le
19ème. Il y a peu de monde, il fait chaud il est 14h30 et tout le
monde a envie de rentrer chez soi ( surtout moi ! ). Mais on
voit débarquer un petit bout de femme. Elle s' assoit en face de
nous et déclare « c'est parti ! On se tutoie et on pose
toutes les questions qui nous passent par la tête ». Mais
c'est elle qui pose des questions. Pourquoi à votre avis Pénélope
s'appelle Pénélope ?
Et oui, c'est un clin d’œil à la
mythologie. Sacrée Pénélope, épouse et amoureuse d'Ulysse, qui
pour rejeter toute une liste de prétendants à Ithaque ( pendant que
son cher et tendre perce les yeux d'un cyclope) a une technique bien
à elle. J' épouserai l'un d'entre vous lorsque ma broderie sera
terminée ( broderie qu'elle découd toutes les nuits ). Bref,
intéressant et judicieux. Nathalie explique qu'elle a écrit un
livre qu'elle aurait aimé lire à son adolescence. Facile à lire,
humoristique et féministe. La deuxième question qu'elle pose est :
que pensez-vous de l'épilation ? Pensez vous que « la
vie soit trop courte pour s'épiler la chatte ? ». Mes
élèves se retournent vers moi rouges comme des pivoines et me
demande si je connaissais Nathalie Stragier avant de les
emmener ici! Une main hésitante se lève. Une ado aux cheveux courts
répond : oui je suis d'accord. Mais c'est tellement dur de ne
pas faire comme les autres : tout le monde se fout de votre
gueule au lycée si jamais on a 3 poils sous les bras ».
Réponse de notre autrice : c'est vrai mais j'ai espoir que les
choses changent. Je ne vous dis pas de ne pas vous épiler. Chacune
fait ce qui lui plaît pour se faire emmerder le moins possible mais
par pitié allez acheter vos rasoirs dans le rayon masculin où le
même produit est vendu moitié prix. ». Une rencontre qui fait
du bien. On attend avec impatience la parution de son nouveau roman
pour septembre.
Une autre lecture que je ne peux que
vous conseiller :
Pourquoi les filles ont mal au ventre.
Cet album est un manifeste féministe
accessible à tous les niveaux de lecteur-e-s et de lecture. Et non ! Vous n' entendrez pas parler de règles ou de sautes d'humeur mais
de toutes les inégalités que subissent les femmes du monde entier.
Ce sont elles qui débarassent, qui aident à cuisiner, qui font de la danse et pas du foot, qui doivent cacher leurs vergetures. La bichromie relève la subtilité des messages et des illustrations
choisies ; la preuve :
Dans un genre plus documentaire j'ai
dévoré l'ouvrage de Rebecca Solnit, essayiste américaine née dans
les années 60.
Elle explique avec beaucoup d'humour et de données
chiffrées pourquoi les hommes expliquent aux femmes comment elles
doivent s'y prendre dans tous les domaines.
Le premier chapitre est succulent. Elle
rencontre un homme mondain et hautain ( cela va souvent de paire )
qui lui explique l'importance d'un ouvrage historique . Solnit
n'arrive pas à s'exprimer ni à lui couper la parole pour lui
donner son point de vue sur l'ouvrage en question et finit par lui
clouer le bec : c'est moi qui en suis l'auteure ! Un
langage clair et sans détour sur les thématiques sociales modernes.
La fin de l'ouvrage rend hommage à Virginia Woolf . Je n'en dis pas
plus.
Pour finir sur une touche polar, j'ai
enfin lu un roman de Lisa Gardner dont j'avais beaucoup entendue
parler. Il s'agit de famille parfaite.
Cette famille ce sont les
Dembe, tout droit sortie de Hystéria lane ( les housewife
désespérantes ). Un vendredi soir, toute la famille est enlevée :
Justin patron dans le BTP, Libby son épouse qui fabrique de beaux
bijoux et leur adorable fille Ashlyn.
Tessa Leoni, ancienne policière
reconvertie en détective privée, est employée par l'entreprise de
Justin pour les retrouver vivants mais la demande de rançon tant
attendue par les services de police tarde à arriver , ce qui n'est
jamais bon signe. Les profils psychologiques des otages, surtout
celui de Libby sont parfaitement bien maîtrisés jusqu'au moindres
détails. Libby incarne cette génération de femmes qui entrent dans
la cinquantaine remplie de doutes mais prêtent à tout pour rester la
femme qu'elles ont envie de rester : libre et heureuse à la
fois. J' ai toutefois été déçue par le dénouement. Mais une
belle découverte tout de même !
Cette fois c'est la dernière, promis,
une superbe découverte à offrir à nos ados, à toutes celles qui
rêvent de reconversion professionnelle ou qui redoutent un burn out.
Catherine Dufour nous émerveille. Chaque chapitre présente un
métier improbable ou méconnu ou qui a la mauvaise réputation
d'être inaccessible aux femmes.
Il se décompose toujours de la manière
suivante :
On découvre le métier avec …... (
souvent dans les années 1800 ) et le métier d'aujourd'hui.
Cosmonaute, Pilote de ligne,
aventurière, agent secrète, écrivaine, cheffe.... à la fin de chaque
chapitre une liste bibliographique humoristique et documentée.
Chapeau mesdames.