vendredi 3 avril 2015

Féminité exacerbée à la Halle Saint Pierre

Bonjour à tous, 
Un petite pause aujourd'hui pour vous en mettre plein les mirettes. Certains collègues se moquent gentiment de moi avec mes articles " sur des expos glauques et sordides". Donc je continue pour vous présenter quelques œuvres picturales découvertes dans un de mes lieux fétiches parisiens La Halle Saint-Pierre. 
Dès que je m' engouffre sous cette verrière, le bruit des flashs et des talons qui martèlent les marches de la Butte s' évanouissent. Une odeur de café vous chatouille les narines et un petit diable cornu vous chuchote dans le creux de l' oreille : "rentre dans cette fabuleuse librairie dédiée à l' art naïf, la folie artistique et la folie humaine."
 Ta carte bleue te dira merci et ton chéquier à la fin du mois aussi ! 

Du 21 janvier au 14 Aout 2015, la Halle Saint Pierre s' associe aux éditions des Cahiers Dessinés pour nous offrir une exceptionnelle expo sur le dessin. Dessin figuratif, décoratif, humoristique, torturé, érotique, militant, (de) presse, illustratif, dérangeant ou souriant. Il y en a pour toutes les mirettes. 
 Le dessin n' est plus perçu comme le brouillon préambule de l' artiste mais bien comme un moyen d' expression aussi fort et puissant que peuvent l' être la sculpture ou la photo.
  • La salle du bas est comme à son habitude plongée dans le noir. Les seules ombres calfeutrées qui se reflèteront sur les œuvres seront celles de vos corps plongés dans une interrogation continuelle pour tenter de capter l' intention des dessinateurs. No flash, No Photo No comment. Respiration coupée. A part 4 petits dessins de Victor Hugo et de Roland Topor, Sempé et Tomi Ungerer je ne connaissais AUCUN artiste.
  • Lorsque l' on grimpe les marches dégingandées, on atterit dans une deuxième salle immense, blanche , rehaussée de cette verrière majestueuse que j' aime tant. On y respire plus facilement pour admirer des œuvres à mon sens plus accessibles car pour beaucoup éditées dans le monde de la presse et de l' illustration. Les noms sont un peu plus connus ( enfin pour ceux qui commentaient autour de moi !).
Jean-Michel Jacquet Exposé en 2004 à l'Espace Courant d'Art.
J' ai décidé de ne pas commenter d' œuvres particulières  mais de vous laisser découvrir celles qui m' ont particulièrement marquée. En espérant que cela vous donne envie de découvrir cette expo si particulière qui bouscule l' intime et notre représentation du monde et de la féminité . 
Féminité moderne épurée versus les grottes de Lascaux dans ce dessin de Jacquet



Paris ou Bourges  dans les marécages début 20ème; dessiné par un homme transgenre  à la fois clochard virtuose  et femme déguisée. Hommage à Marcel Bascoulard.




Les cahiers dessinés...
Bascoulard : Dessinateur virtuose, clochard magnifique, femme inventée


Un bond dans le temps avec ce dessin de Mélanie Delattre-Voght

Un dessin tout en rondeur courbe et dilution d' aquarelle qui donne un sentiment de malaise malgré sa féminité exacerbée. Viscères et boyaux supportent en eux cette matière gluante qui véhiculent tant la mort que la vie
Son titre : La vie dans les plis ( 2009) . Oeuvre  inspirée de l' œuvre d' Henri Michaux qui porte le même titre.



Le clair obscur dessiné tout en nuance de gris ( c' 'est d' actualité paraît-il).
Anne Gorouben, 2009.

Extrait de "100 boulevard du Montparnasse"
Parcequ' on ne peut pas la prendre pour un Pigeon Laure. La preuve :

Laure Pigeon dans son œuvre, réinvente les matières associées à la féminité pour les détourner et les mettre en valeur brutalement. Les volutes de fumée sensuelles peuvent asphyxier, les motifs floraux suffoquent et transpirent quitte à exploser de couleurs. On imagine la nausée qui émane de ces parfums capiteux.  La dentelle devient sous la mine graphite du grillage tranchant

Jacob, le père d'après Bruno Schulz

Un dessin qui m' a énormément plu. Quand je me suis renseignée sur l' artiste voici ce que j' ai trouvé : Les corps des acteurs, mannequins, marionnettes et objets se mêlent ici au silence et au vide, à la musique, aux murmures et aux chuchotements dans une langue inconnue. Plusieurs sujets se télescopent dans cet univers schulzien, autour de la folie, de la féminité, des origines et de l’identité ; autour du démiurge et de sa créature, de l’artiste et de la naissance de l’art…
étonnant non ?




allez encore Une : Josefa Tolrà : hommage à une catalane méconnue.
Un univers proche de Klimt mais aussi Muncha et Joana Vasoncelos.
et pourtant, cette femme a commencé à dessiner à 70 ans sans aucune technique, en totale liberté. De ses calligrammes émanent de la magie.  Ses dessins enfantins et simples sont une lutte contre la dépression. Cette cartomancienne du dessin dépasse toutes critiques.
les cahiers dessinés l'exposition,halle saint-pierre,frédéric pajak img_6009-josefa-tolra1.jpg (827×551)


Allez encore Une mais promis c' est bientôt fini.
Les monstres féminins, des créatures  hybrides, des enfants avec des excroissances, des corps féminins déformés : c'est très déroutant. Mais cela résume bien la vie de Unica Zurn, née à Berlin en 1916. Unica perd très tôt ses parents, accouche sous les bombes ( au sens proprement historique). C'est à la suite de son divorce, qu' elle perd la garde de ses enfants ( rare à l' époque). Sa rencontre avec Hans Bellmer va la propulser sur la scène surréaliste.
Elle mène une vie de Bohème, sa personnalité border et son internement à Saint-Anne la mèneront au suicide en Octobre 1970
zürn

 Je trouve cela magnifique et douloureux.

Allez La boucle est bouclée. J' ai débutée cet article par une femme qui boit un verre de rouge. Voici ma seconde activité préférée : La Sieste parfaitement dessinée par Felix Vallotton







Profitez de ce week- end  prolongé pour courir voir cette expo.





























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